Aide subjective
Le premier jour que j’ai essayé de réparer le câble tachymétrique, Je me suis garé sur un large trottoir pour pouvoir me glisser sous Simone.
A peine installé, alors que je me donnais du courage avec une cigarette et une Chimay, une personne qui promenait son petit chien, m’interpelle. Il a les cheveux grisonnants mi-longs, quelques dents en moins, un tee-shirt blanc avec le nom du groupe de rock « Jethro Tull » et porte pieds-nus, des chaussures à lanières en cuir.
-« Attention, si tu te mets là et que les flics passent, tu peux avoir une prune! »
-« Oui, mais là c’est pour dépanner. Je dois aller sous le véhicule. Ils comprendront bien, non ? »
-« Tu fais comme tu veux… «
Et il engage la conversation sur Simone qui est belle à voir. Très rapidement il m’informe qu’il a possédé deux méharis dans sa vie et qu’il a eu de belles aventures avec elles. J’ai senti que je n’étais pas prêt de tenter ma réparation.
Pour résumer, il me raconte qu’il pouvait partir l’hiver en Hongrie ou en Angleterre, et sur la Méhari, les ouvrants sont ouverts.Il a traversé des tempêtes de neige avec des flocons gros comme des poings qui le faisaient devenir « Mowgli du livre de La Jungle hypnotisé par le serpent », ou une autre fois « bleu comme un schtroumpf » avec « dix centimètres de neige dans le véhicule ».
Il a vu son capot s’envoler car la veille avec ses doigts gelés, il avait repoussé la fermeture des lanières qui le maintiennent fermé au lendemain. Mais la soirée avec son cousin hongrois lui avait fait oublié.
Avec ses potes, il avait aussi conduit sa méhari, tous feux éteints avec des lunettes infra-rouges sur le nez pour une vision de nuit. Il avait bien rigolé mais ses potes moins….
Il était parti au Maroc sans roues de secours. Il avait ramené une boulette de shit dans son slibard, sans le dire à son copain, qui lui avait fait promettre de ne rien passer illégalement à la frontière. Mais à la douane, le chien des douaniers, un malinois avec « une tête de crocodile » lui avait senti son entre-jambe. Une autre fois, sa boulette était tombé de sa poche en sortant ses papiers de sa poche révolver…
Il avait plein d’anecdotes et nous en étions à deux cigarettes chacun. Le soleil baissait, et son chien aboyait contre moi, car il voulait continuer sa promenade. « Et Oh!… C’est bon là! Tu arrêtes de parler à mon maître!!! » semblait-il vouloir dire…
Et puis à un moment, il se rend compte que j’ai un dépannage à faire et il est prêt à continuer sa route. Alors, je lui demande son prénom…
-« Laszlo avec un « z » après le « s ». Ça fait le son « ss ». Si tu le mets avant c’est un autre son… C’est « z » comme Zsa Zsa Gabor… C’est Hongrois!.. »
-« Ah oui!… Tu es Hongrois!?… Avec ma chérie, on est allé un week-end à Budapest et on a adoré! »
Qu’est-ce-que je n’avais pas dit là! J’avais remis une pièce dans le moulin à souvenirs. Et j’ai eu droit à de nouvelles anecdotes sur la Hongrie : Qu’il y a trente ans, pendant le communisme, il fallait mieux avoir ses papiers d’identité sur soi si tu ne voulais pas payer d’amendes. Que pendant ses voyages, il prenait 10 kg en 15 jours, car la première chose qu’on lui proposait quand il arrivait chez des amis ou dans sa famille était de manger. Qu’à 8h du matin, il avait droit à une verre de vodka. Qu’un jour, en été, chez son cousin, il y avait un cochon à tuer absolument, avant qu’il ne soit trop malade pour le manger. Qu’en une journée ils l’avaient saigné et découpé en morceaux. Il fallait faire vite à cause de la chaleur. Normalement c’est en hiver qu’on tue le cochon. Que la grand-mère tremblotante de « nonante » avait nettoyé les 15 mètres de boyaux avec son couteau, pour nettoyer le mucus, sans déchirer la membrane, pour en faire du boudin. Et autres souvenirs….
Le soleil avait disparu, et je n’avais plus de cigarettes. Il était temps qu’on rentre chacun chez soi. Je lui ai dit que j’avais été enchanté de faire sa connaissance car je n’étais de toute façon pas vraiment motivé pour réparer Simone. Alors, il m’a parlé une dernière fois, un peu de sa femme doué d’inertie, et il est parti.
Sa discussion m’avait fait passé le temps d’une façon plus agréable, et rapidement j’écris ses anecdotes car j’ai aimé ce chouette échange. La réparation pouvait attendre le lendemain. De toute façon je n’avais pas encore reçu sur Internet, toutes les informations précises qu’on envoie à un débutant…. » Toi voir ça! » et « toi, faire ça! », « puis quand toi être là, toi appuyer là-dessus! »
Vive LASZLO!
Bruno
Et là, mon rêve est terminé, ma chérie me dit que j’ai dormi.
Je me glisse de dessous Simone.
Il me reste un verre de pinard avec un gros glaçon dedans (des flocons gros comme des poings) !!!!!
Et un reste de bédo dans le cendrier.
Nous repartons vers de nouvelles aventures qui ne manqueront pas de piquant, nous en sommes certains.
Boussa Boussa.
Stef & Christophe
Non, non. Je n’ai pas fumé Bruno. Mais il parlait avec exagération comme toi, non ?. Bises