Ciel gris
Nous nous attendions à passer une nuit blanche, avec cette secte chamanique qui s’était installée à coté de nous en fin de soirée. Comme c’était la pleine lune, nous pensions entendre des cris de loups, voir des mains levées au ciel implorant un message céleste. Nous imaginions des gens peinturlurés entrant dans des danses transcendantales à sauter et convulser autour du feu. Nous espérions qu’ils n’aillent pas jusqu’aux des sacrifices humains…
Mais en fait RIEN!…. Quelques cliquetis de casseroles… Un tambourinement désaccordé…. Une flûte désenchantée… A 21h, le feu n’était plus qu’une flammèche. A 21h30 quelques personnes rentraient se coucher et à 22 heures, le gourou barbu et chauve disaient à ses quelques compagnons fidèles:
-« Désolé les gars, mais il y a ma femme qui m’attend et demain je garde les enfants. On réessaiera d’appeler Krishna, le mois prochain?… Ok?… Et puis je crois que Marcel et Micheline n’avaient pas de bons shakiras ce soir. Ils ont envoyé des mauvaises ondes!.. Allez Bye et prudent sur la route hein!… »
Ils se couchaient avant nous!!! Notre film n’en était qu’à la moitié! Nous les avons traité de nazes et nous avons continué à regarder notre séance vidéo.
Ce matin, après du sport, nous prenions un filet d’eau chaude, à 50 centimes les 3 minutes, dans un sanitaire prévu pour les touristes à Monnickendam, puis nous prenions la route.
Ça y est, la frontière de l’inconnu est franchie! Jusqu’à Amsterdam, nous connaissions à peu près le territoire. Nous avions eu l’occasion dans nos années antérieures de visiter cette capitale en prenant l’autoroute. On traversait de façon très rapide la Belgique et les Pays-Bas, qui permettait de se donner une idée rapide des territoires. Mais maintenant, c’est la totale découverte.
Nous avons franchi une digue, longue de trente kilomètres avec la Mer du Nord de part et d’autre, entre Enkhuizen et Lelystad. Simone devenait un bateau et le vent faisait tanguer notre navire.
Valait mieux ne pas avoir le mal de mer. Stéphanie a mis ses 5 bracelets anti-nausée pour franchir cette route impressionnante. Derrière nous, un gros cargo nous poussait à la proue, car il ne pouvait nous doubler et il était pressé. Notre vitesse de 7 noeuds ne lui allait pas. Sa trompe maritime nous le faisait comprendre. Arrivés au port de Lelystad, alors que nous allions refaire le plein de notre caboteur, il nous dépassait par bâbord. Nous n’avons pas hésité à lui faire le salut cordial des pirates avec un doigt levé.
-« Regarde, il s’arrête et fait demi-tour! » blagua ma chérie….. Même pas peur!!!
Ensuite ce fut la campagne pendant de longs kilomètres. Dépaysement total, après avoir eu l’impression pendant dix jours, de n’avoir jamais quitté une ville. Mais un pays plat comme des oeufs, n’est pas très gai et pittoresque à voir. Ce sont de grandes étendues de champs de cultures séparés au cordeau, les uns des autres, avec parfois quelques prairies où poussent des vaches. Aucune limite d’horizon à part lui-même. Les seuls arbres qui coupaient sporadiquement la vue dans ces plaines immenses étaient des haies de peupliers ou autres, qui entouraient des fermes, afin de les protéger du vent.
Nous sommes dans le canton de Zwolle, proche d’un canal, pour le dernier soir dans ce pays.
Demain, nous devrions être en Allemagne. YA!!!!
Vive la saucisse!