bulg rallye!
Samedi 20, nous nous installons près d’un étang de pêche. Nous avions bien vu que le chemin pour y accéder était en pente avec des ornières boueuses, mais l’eau est comme un aimant pour nous et nous descendons nous poser au bord. Quelques instants après, orage, éclair, pluie, grosse pluie.
Premières interrogations.
-« Faudrait pas que ça dure trop longtemps, sinon on ne remontera jamais! C’est quoi la météo pour ces prochains jours? »
-« Pluie, pluie, pluie pendant une semaine! 80% de chances annoncées!
Le vent se lève et fait trembler Simone. On baisse le toit. La pluie revient, Simone boit la tasse par l’avant. On encastre une serviette dans la fuite pour limiter l’inondation.
Deuxièmes interrogations:
-« Une semaine, tu dis!?… Ça fait beaucoup!… On a de quoi tenir?? »
Check-up:
-« Manger, ok…. Eau, ok si on limite la douche…. Energie, pas ok, 0 barres! »
-« D’accord, donc pas de blog, pas de film le soir et limitation de l’usage du téléphone pendant une semaine. Pour la lumière, nous avons des lampes de poche et des piles de rechange. Nous avons aussi la lampe à gaz….Ça peut le faire! »
-« Oui, mais moi, je viens de souscrire un forfait spécial Macédoine qui dure sept jours et qui commence demain. 450 euros pour 10 MO, 3 SMS et 10 minutes d’appels! »
La nuit tombe, la pluie s’est arrêtée, nous avons peut-être une chance de passer:
-« Ok, on se casse! On verra après où on dort! »
Je démarre Simone, j’enclenche la première et j’attaque le chemin. Je patine dès le départ mais Simone est volontaire et s’accroche. Le camion fait des embardées vers les champs de tournesols, je rattrape. J’essaie de la sortir des ornières mais Simone est coincée. J’accélère. Je crois m’embourber mais ça passe encore jusqu’à ce que ça ne passe plus et que Simone cale. Nous sommes au milieu du chemin complètement de travers. La nuit s’annonce tordue.
-« Bon ce n’est pas possible ma chérie! On ne peut pas rester là! Mais je ne vois rien derrière moi! »
La pluie revient! Et il fait totalement noir. Stéphanie se propose de sortir et de me guider mais je ne préfère pas.
-« Je ne voudrais pas que tu attrapes froid, ma chérie!… »
Comme le terrain est en pente, ça ne devrait pas poser de problèmes. Je redémarre, passe la marche arrière et j’ai beau braquer les roues totalement dans un sens ou dans l’autre, je ne sors toujours pas des ornières, mais Simone fait ce qu’on attendait d’elle, elle redescend tant bien que mal. On revient sur le plan d’herbe. On verra demain. On dort dans notre chambre du bas..
Dimanche 21, Je me réveille de bonne heure. Nous ne sommes pas les seuls à vouloir partir. Je pars me renseigner auprès des pêcheurs. Aucun ne parle français. Le dialogue est limité mais je comprends qu’il existe un autre chemin sur le côté opposé du champ. Nous voyons quatre voitures s’y engouffrer!
-« Viiiite ma chérie! On y va avant que toutes les voitures rendent le chemin impraticable! »
On range rapidement. On s’installe dans le poste de pilotage et nous arrivons devant le sentier. Je pousse des coups d’accélérateur pour chauffer Simone. Nous nous prenons la main avec ma chérie. Dernier regard plein d’espoir et c’est parti! Je desserre le frein à main et je lâche les gaz! J’arrive à maintenir Simone hors des ornières. Elle patine, j’accélère. Elle avance. Il y a une branche d’arbre, il y a des trous, je ne cherche pas à les éviter, je fonce. Coup de volant à gauche, à droite, je n’ai pas le temps de réfléchir. Nos regards sont focalisés sur le chemin et notre respiration est bloquée!
-« Pas d’embardée! Pas d’embardée! Vas-y Simone! Reste sur l’herbe! Fonce! Fonce! »
J’appuie plus fort sur l’accélérateur, on y est presque. Plus que 50 mètres, 40…. 30…. Nous voyons la route s’approcher. Tant pis s’il y a une voiture qui arrive, je lui couperai la route. Je ne peux pas rester bloqué en haut.
Nous arrivons au croisement, dernier soubresaut, dernier coup de volant, nous sommes sur la route!….
Cris de joie, l’air revient dans nos poumons, nous sommes sauvés! Je m’arrête, on se congratule. Je regarde l’intérieur de Simone, nous avions oublié de ranger une bouteille d’eau. Elle est là, bien droite sur le plancher, elle ne s’est pas renversée durant notre gym-kana. C’est la preuve d’une bonne maîtrise de conduite!
Nous reprenons la route en sifflotant, nous passons la frontière avec de grands saluts et sourires pour les douaniers et pour fêter cette victoire, nous prenons après 8 000 kilomètres de route de campagne, l’autoroute et ses péages ( il y en a 3) pour la capitale de la Macédoine, SKOPJE!
Vive l’asphalte!